La pilule contraceptive

Un danger ? Rentré dans les mœurs?

Note: Si une femme prend la pilule pendant toute la durée de sa vie féconde , soit pendant une trentaine d'années, elle en ingurgitera plus ou moins 8000 ... Est-ce Dangereux ?

Pour commencer...

Vous êtes une fille?... Alors vous êtes certainement passée par là :
-"Bonjour, je souhaite avoir recours à un moyen de contraception"
-"Oui, pas de soucis, on va vous mettre sous pilule."

C'est normal, 90% des Françaises nées après 1952 ont pris ou prendront au moins une fois dans leur vie la pilule. Aujourd'hui, en France, sa prescription reste une solution de facilité pour les femmes et pour le corps médical.
Pourquoi? Et existe-t-il des solutions alternatives?

Développée après la 2ème guerre mondiale, la pilule est aujourd'hui, en France, le moyen de contraception le plus utilisé. 41 % des Françaises de 15 à 49 ans la prennent.

Mais comment se rendre compte des effets que peut avoir ce "médicament" sur notre corps quand on prend la pilule depuis toujours? 


Pour commencer mon enquête j'ai fait un appel à témoins en postant, simplement, sur les réseaux sociaux un message qui demandait si des femmes avaient déjà ressenti des effets secondaires à cause de leur pilule. A mon grand étonnement, cet appel a eu énormément de retours. C'est là que j'ai pris conscience d'un vrai problème.

Certes, c'est le moyen de contraception le plus utilisé, mais est-il anodin?

En 2017 certains membres du corps médical nient les symptômes de leurs patientes en les qualifiant d'imaginaires. Encore une fois pourquoi?

ENQUÊTE

L'histoire de Marion Larat

Marion Larat, est une lanceuse d'alerte. Elle a fait de la pilule contraceptive son combat.
En juin 2006, Marion Larat s'effondre dans sa salle de bains, victime d'un AVC massif. "C'est mon père qui a dû enfoncer la porte..." Elle se réveille hémiplégique et aphasique. Neuf opérations et des mois de rééducation lui seront nécessaires pour retrouver un semblant de parole et d'autonomie.
C'est dans son 2 pièces Bordelais que je l'ai rencontrée.

Réalisation, Vidéos, Images : Manon Fernandez de la Rosa

C'est le manque d'information et de suivi qui ont mené Marion à cet accident. Elle est en colère. Elle ne savait pas ce qui avait bien pu se passer...

"Je l'ai découvert quatre ans plus tard, c'était en 2010, je suis allée voir une nouvelle gynécologue avec mon nouveau compagnon pour reprendre la pilule..."

Cette dernière l'enverra vers une hématologue. Marion est porteuse du facteur V de Leiden, une anomalie qui augmente la coagulation du sang, découverte seulement trois jours après son accident alors qu'elle était encore dans le coma. Avec ce problème, "Meliane", la pilule que lui avait prescrite son ancienne gynécologue accentuait les risques de thrombose.
Sa première victoire arrive en juin 2012 lorsque la Commission de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux de la région Aquitaine confirme le lien entre la pilule et son AVC. Une deuxième arrive peu après quand le ministère de la santé décidera de dérembourser "Meliane".
Mais Marion est une battante, elle ne veut pas en rester là. Elle va porter plainte.
Sa fierté : avoir été la première à en parler.

Aujourd'hui on compte plus d'un millier de plaintes déposées.
 Mais elle est toujours révoltée car la sienne a pris beaucoup trop de temps à aboutir.
Plus de deux ans d'attente entre les expertises, les mises en place de l'affaire... Pendant ce temps elle voyait qu'il y avait d'autres victimes et elle se disait : "Allez plus vite, plus vite, plus vite... La lenteur de la justice joue vraiment contre les victimes." 


L'enquête ouverte par le parquet de Paris sur certaines pilules contraceptives accusées de favoriser de graves pathologies veineuses et artérielles, a été classée. Il n'y aura donc pas de procès.

Après de nombreuses investigations menées durant quatre ans et demi, l'enquête n'a pas permis d'établir avec certitude l'existence d'un lien de causalité, entre la prise du contraceptif et les pathologies présentées par les plaignantes. La parquet a conclu à une non-infraction pénale: date du 16 juin 2017 mais rapportée ce mardi 19 septembre 2017 à l'AFP par une source proche du dossier.



Marion Larat ne comprend pas cette décision, dans le procès civil les experts avaient pourtant confirmé la causalité entre la pilule et son accident.  "Il aura donc fallu attendre cinq ans pour... rien."

Pour Marion les femmes doivent pouvoir être autonomes dans leurs choix. Sa révélation publique fait chuter la consommation des pilules de troisième et quatrième génération de 34%, tout comme le nombre d'hospitalisations pour embolies pulmonaires sous contraceptifs oraux-combinés. Son combat n'est pas de faire radier la pilule mais juste de faire reconnaître les conséquences que peut avoir ce médicament.

Ses solutions alternatives sont surtout les stérilets en cuivre "Ils sont plus sûrs, moins chers, et durent cinq ans." En France la contraception rime souvent avec pilule, comparée à d'autres pays où l'on propose beaucoup plus d'alternatives.

"Nous vivons dans une société machiste et je m'interroge toujours. Pour quelles raisons les préservatifs ne sont-ils pas remboursés? On a des produits potentiellement dangereux remboursés par la sécurité sociale et les préservatifs ne le sont pas."

Aujourd'hui malgré toutes ses épreuves, Marion est une jeune maman qui se bat pour avoir une vie normale. Elle essaie de passer au-dessus de son handicap, de continuer à avancer, de par ses projets professionnels et personnels. Son fils est aujourd'hui sa priorité.

Un petit retour en arrière s'impose...

Nous sommes presque tous d'accord pour dire que la pilule a été une découverte importante, qui a révolutionné le quotidien des femmes. Cependant malgré ce que nous pouvons croire la pilule a vu le jour grâce à des mouvements politiques et idéologiques n'ayant que très peu d'intérêts pour le bien être féminin...


La première pilule contraceptive fut créée en Hongrie en 1930 sous le nom d'Infecundin, mais celle-ci ne verra jamais le jour. Il faudra donc attendre 27 ans pour qu'Enovid fasse le buzz.

...

Avant d'entrer dans la très intéressante histoire de la pilule contraceptive, voici les quatre personnes qui ont joué un rôle important à la création de celle-ci.

Gregory Pincus

Margaret Sanger

John Rock

Katharine McCormick

...

Si Enovid voit le jour, c'est en partie grâce à la mobilisation sans faille de l'américaine Margaret Sanger, qui décide de changer de vie en quittant les Etats-Unis pour commencer un nouveau départ en Europe. C'est lors de ce voyage qu'elle fait la rencontre Henry Havelock Ellis, Vice président de la société eugéniste, qui va alors l'initier à la pensée du même nom, pensée qui ne la quittera jamais.

Cependant la rencontre qui va changer sa vie est celle d'un riche homme d'affaire, James Noah Slee qui tombe fou amoureux d'elle, Margaret un peu moins. Cette femme forte a une idée en tête: "le birth control". Elle décide donc de l'épouser à deux conditions: il doit financer son mouvement de contrôle des naissances et accepter qu'elle conserve une totale autonomie.

Il accepte et fournit la quasi totalité des fonds nécessaires à la création et au fonctionnement des organismes, par lesquels Margaret diffusent ses idées. Elle devient riche et influente.

C'est l'hiver 1950 qu'elle rencontre le biologiste Gregory Goodwin Pincus. Comme elle, il vient d'une famille d'immigré. En 1944 il collecte des dons en faisant du porte à porte pour acheter une vielle maison dont il aménage le garage pour faire ses expériences. 

La fondation Worcester pour la biologie expérimentale est née. C'est ici que sera inventée la pilule.

Nous nous trouvons à une époque où l'élite occidentale s'inquiète beaucoup des effets de la surpopulation. Margaret se posant les mêmes questions et ayant toujours ses idées féministes, voit dans la contraception une occasion de mettre en pratique son idéologie eugéniste. Elle va récolter des fonds, la moitié avancée par des donateurs eugénistes.

A cette époque, beaucoup voit dans la pilule le moyen d'éviter la surpopulation, d'"épurer la race" mais aussi de barrer la route au communisme. Plus la recherche avance et plus Margaret montre que la pilule est le moyen pour procéder à un eugénisme de masse : "l'eugénisme est(...) le chemin le plus adéquat et le plus efficace pour résoudre les problèmes raciaux, politiques et sociaux.(...) le contrôle des naissances doit finalement conduire à une race plus propre." (Morality and Birth Control, New York 1922)

La pilule a aussi été voulue pour les femmes « pauvres », « irréfléchies » ou « mentalement déficientes » qui ne savaient pas limiter leurs grossesses. A sa création, à aucun moment, il était question de leur confort ou de leur bien-être...

Mais revenons à Pincus... Il va se rapprocher d'un certain John Rock, médecin de famille qui pense que la santé des femmes est plus importante que celle de leur fœtus. A cette période il est illégal de faire des recherches sur la contraception. Ils vont cependant trouver un moyen d'y arriver. Ils vont administrer pendant plusieurs mois des hormones à une soixantaine de femmes voulant des enfants, sans les informer que cela sert leur recherche sur la pilule contraceptive. La moitié des femmes vont quitter l'étude à cause d'effets secondaires. C'est alors que John Rock va se demander si ils ne font pas fausse route.



Ne trouvant pas assez de femmes, qui acceptent de participer à leurs recherches, les deux hommes décident de continuer mais aux Caraïbes... c'est encore un échec car plus de la moitié des "cobayes" vont quitter les essais pour les mêmes raisons. Malgré ces échecs ils décident quand même d'annoncer la sortie de leur pilule...

Les effets secondaires qui ne sont pas visibles vont être taxés d'imaginaires. Pourquoi sont-ils minimisés? Pincus est persuadé que l'efficacité de la pilule fera certainement oublier ces effets. 
 Le travail est lancé et une demande est déposée au FDA pour commercialiser Enovid comme régulateur des « troubles du cycle ». Le 10 juin 1957, Enovid sera mise sur le marché. En effet à cette époque la FDA est totalement débordée et surtout en sous-effectif et elle ne juge les médicaments que sur un seul élément : l'efficacité.

Fin 1958 Enovid sera autorisé comme contraceptif.


En voyant, dans les effets secondaires, que la libido diminuait avec la prise de la pilule, Pincus y voit un moyen pour "traiter" l'homosexualité. Il teste donc la pilule sur un homme. Suite de la prise de ce médicament, ses testicules vont se réduire. Pincus décide d'arrêter les essais.
A côté de ça, 5 femmes vont décéder pendant les phases de test, dans la plus grande indifférence.
On peut donc conclure qu'à l'époque la santé des femmes était moins prise en compte que celle des hommes...

Et en France?


Réalisation : Manon Fernandez de la Rosa / Vidéos: INA

C'est en 1967 grâce à la loi Neuwirth, du nom du député qui l'a proposée, que la contraception devient légale en France. Lucien Neuwirth flirte avec une irlandaise qui, lors d'un rapport sexuel, lui tendit une petite pastille. C'était le premier spermicide : Le Gynomine. Il rentre en France avec la ferme intention de faire enfin changer les choses. Il apprit, quelque temps plus tard, le suicide d'une amie enceinte, que ses parents avaient mise à la porte. C'est à la suite d'un long cheminement et quelques 20 années plus tard que la loi Neuwirth est votée à l'Assemblée Nationale.
Cette loi abolit par la même occasion celle de 1920 visant à interdire toute publicité pour la contraception.

Mais ça fonctionne comment?




Réalisation, Vidéos, Images : Manon Fernandez de la Rosa

L'action de la pilule est avant tout liée à l'anatomie de la femme qui a un cycle menstruel comportant 3 phases.

1) La phase menstruelle ( du 1er au 6e jour) : On est dans la phase des règles. Lors de cette phase, l'endomètre s'élimine partiellement puisqu'il n'y a pas eu fécondation. L'endomètre est éliminé avec le sang qui provient de petits vaisseaux sanguins rompus au niveau de la muqueuse.

2) La phase « folliculaire » ( du 7e au 15e jour): Chaque début de cycle est marqué par le premier jour des règles. Se développent alors des follicules ovariens sous l'action d'une hormone appelée "hormone folliculostimulante" . Ces follicules vont murir tout au long du cycle jusqu'à l'ovulation.

3) La phase lutéale ( 16e au 28e jours): La muqueuse de l'endomètre va se transformer et va subir des modifications qui vont rendre apte la nidation d'un embryon.


En général un cycle dure, en moyenne, 28 jours mais peut varier selon les femmes.


Le Docteur gynécologue Gasson explique : "Pour faire simple, il existe plusieurs types de pilule ayant le même but, bloquer l'ovulation." La pilule fait en sorte que la rencontre entre les ovules et les spermatozoïdes ne se fasse pas. 

Il y a les pilules dites classiques (les pilules oestroprogestatives), c'est avec elles qu'il y a eu le plus de polémiques. Elles bloquent les ovaires et vont remplacer les hormones sécrétées par celles-ci par des hormones contenues dans les pilules. "Il faut  savoir que la pilule ne rajoute pas d'hormones au corps humain mais elle remplace les hormones normalement sécrétées par les ovaires." appuie le docteur Gasson.
En ce qui concerne la composition de la pilule, elle est constituée de 2 produits : l'ethinyl oestradiol ( qui est un dérivé de l'oestrogène) et la progestérole , les deux sont équilibrés de telle manière que les femmes ont un cycle artificiel, des fausses règles qui rassurent les femmes. Si il n'y a plus d'ovulation, il n'y a pas de fécondation donc pas de grossesse.

Il existe aussi des micropilules, uniquement avec une seule hormone : la progestérole. Avec celle-ci il n'y a plus du tout de règles, car la muqueuse de l'endomètre ne se forme pas et donc ne tombe pas.


Pour compliquer tout cela, aujourd'hui nous avons des pilules de différentes générations. "Les pilules de 1er, 2e, 3e et 4e générations font référence aux évolutions successives de sa composition..." fait comprendre le docteur gynécologue Sibai.


Les pilules de 1ère génération: sont apparues dans les années 1960. Elles sont fortement dosées en œstrogènes. Parmi leurs effets secondaires, on retrouve les nausées, les migraines, le gonflement des seins et les troubles vasculaires. La pilule Triella était la seule pilule de première génération que nous pouvions encore retrouver en France. Sa commercialisation voit la fin en juillet 2016

Les pilules de 2e génération voient le jour dans les années 70 et 80. Elles contiennent des progestatifs (norgestrel, lévonorgestrel). En changeant la composition certains effets secondaires sont réduits. Les pilules de 2e génération sont aujourd'hui Minidril, Adepal, Trinordiol mais elles présentent toujours un risque de thrombose veineuse. Elles sont toutes remboursées.

Les Pilules de 4ème génération sont les petites dernières. Elles contiennent un nouveau progestatif, le drospirénone. Elles sont similaires aux pilules de 3e génération.

Les pilules de 3ème génération naissent dans les années 90. Elles associent trois nouveaux dérivés synthétiques de la progestérone: le désogestrel, le gestodène et le norgestimate. Leur but premier étant d'effacer le plus possible les effets indésirables des anciennes pilules. Elles vont diminuer l'acné, les douleurs mammaires ou les nausées. Mais il y a des risques d'accidents thrombo-emboliques plus élevés qu'avec les pilules de deuxième génération. Il en existe de nombreuses.

Ces dernières pilules ont été mises en place pour éviter les effets secondaires...
Cependant les pilules sont-elles un réel danger pour la femme? Toutes les polémiques disent-elles vraies?
... Il est temps de se pencher sur ces questions.

Un danger? 

La pilule, premier moyen de contraception?

Après la polémique créée par Marion Larat, en parlant ouvertement et pour la première fois des dangers de la pilule contraceptive, un tas d'articles apparaissent incitant les consommatrices à éviter celle-ci.

Cependant quand une jeune femme cherche une première contraception, les gynécologues dirigent souvent vers la pilule. Il existe pourtant d'autres moyens ...
La Docteur gynécologue Sibai nous explique:

Réalisation, Vidéos : Manon Fernandez de la Rosa

Le Docteur Gynécologue Gasson soulève, lui aussi, le même problème: "Nous avions des difficultés à mettre des stérilets sur des femmes jeunes ayant des partenaires multiples, car le stérilet peut entrainer des infections qui augmentent avec la multiplicité des partenaires. Si vous êtes une jeune femme n'ayant pas eu encore d'enfant mais que vous êtes stable sur le plan personnel, on peut effectivement vous poser un stérilet mais le risque thrombophlébitique va être remplacé par un risque d'infection pouvant entrainer des problèmes de stérilité par la suite."

Mettre des stérilets à toutes les jeunes femmes n'est pas une solution car il y a risque d'infections.
Et dans une dizaine d'années, nous allons nous retrouver avec un taux de stérilité important suite à ces infections augmentées. 


Une jeune femme va souvent se diriger vers la pilule en premier choix pour sa simplicité, sa facilité de prise. Il faut cependant oser en discuter longuement avec son gynécologue et voir toutes les autres possibilités. Il y a aussi un travail en amont à faire. Certes vous êtes jeunes, vous avez peut-être d'autres choses à penser, mais prendre le temps de regarder tous les moyens de contraception, toutes les pilules mises sur le marché est nécessaire. La contraception c'est avant tout un dialogue avec son médecin.

De nombreux effets secondaires..

Nous sommes tous d'accord, la pilule donne très souvent des effets secondaires. Si vous avez déjà pris la pilule vous avez sûrement pu en observer certains.
Même si lors de sa création, les effets secondaires étaient qualifiés d'imaginaires, aujourd'hui ils ont été pris en considération. Il y a aujourd'hui un problème en France avec les systèmes de santé, qu'effectuent plutôt mal la pharmacovigilance.

Certaines jeunes femmes peuvent être surprises en voyant ces effets arriver. Il faut encore une fois comprendre que la pilule est un médicament qui n'est pas anodin.

Quatre jeunes femmes racontent leurs différents avec ce traitement :

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La psychologue Espitalier Noël, nous explique : "Le système hormonal naturel de la femme étant modifié, les effets de la pilule contraceptive peuvent être divers selon les individus. Pour certaines les effets secondaires sont contraignants: prise de poids, changement d'humeur, sensibilité, baisse de libido... le cycle artificiel créé par la prise de la pilule modifie tout simplement le fonctionnement de la femme."



Questions posées au gynécologue Gasson :

-Est-ce que la pilule fait grossir?

"Non, elle ne fait pas grossir à proprement parler. La pilule est dite "diabétogène", c'est-à-dire qu'elle fait monter le taux d'insuline dans le sang et c'est l'insuline qui ouvre l'appétit."

-La pilule peut-elle provoquer une sécheresse vaginale et diminuer la libido ?

"Oui car la pilule permet de contrer l'action de la testostérone, qui est l'hormone du désir sexuel chez la femme. Puisque le désir sexuel diminue, la lubrification sexuelle baisse également."


-Est ce que la pilule crée des douleurs mammaires ?

"C'est vrai aussi, principalement à cause des œstrogènes qu'elle contient." 


-La pilule peut-elle provoquer de l'acné

"La pilule peut aggraver l'acné comme la faire disparaitre, pour cela il faut en essayer plusieurs pour trouver celle qui vous correspond. "


La psychologue Espitalier-Noël rajoute "La pilule peut aussi aggraver les symptômes dépressifs chez une femme, car la prise de poids ainsi que la perte de libido peuvent affecter l'estime de soi aboutissant ainsi à une remise en question et un mal-être psychologique, il ne faut alors pas hésiter à consulter."
Mais encore une fois n'oublions pas que la pilule est un choix et que tout choix doit se faire en connaissance de cause. Il existe aujourd'hui un grand nombre de pilule sur le marché, il ne faut donc pas hésiter à en changer jusqu'à trouver celle qui peut vous correspondre.

Alors faut-il bannir la pilule contraceptive de nos vies ?

La question est intéressante. Pour être honnête, quand j'ai commencé cette enquête je suis partie dans l'idée que la pilule était un réel danger. Lors de mes recherches, j'ai pu lire énormément d'articles négatifs et qui n'avaient pour but que de décrédibiliser cette innovation

Nous sommes en 2012, la plainte de Marion Larat fait l'effet d'une bombe. Deux ans après l'affaire du "Médiator", le contraceptif préféré des Françaises se retrouve au cœur d'un scandale sanitaire. Les dangers de la pilule mal connus jusqu'alors, éclatent au grand jour. Notamment celles de 3ème et 4ème génération.
La pilule fait courir un risque d'accident thrombo-embolique (phlébite, embolie pulmonaire) deux fois plus élevé que les pilules de 2ème génération.

...

Il faut avant tout rappeler que Marion Larat avait une anomalie génétique qui faisait que son sang était hyper coagulable. Cette pathologie est une contre-indication pour toutes formes de pilules peu importe sa génération.
Et comme le précise le Docteur Gasson : « Les risques d'avoir un accident thrombo-embolique avec la pilule de 2ème génération est de 4 pour 10 000. Sachant que le risque sans pilule est de 2 pour 10 000. Les pilules de 3 et 4 générations ont une légère augmentation de 6 sur       10 000. 
 les risques sous pilules quelque soit leurs générations sont multipliés par 10 quand il y a une grossesse. »


En affirmant que les pilules de 3ème et 4ème génération étaient dangereuses, la polémique permet l'état de les dé-rembourser.
La pilule Diane fut supprimée, non pas parce qu'elle était "dangereuse" mais parce qu'elle avait une autorisation de mise sur le marché "acné" et non contraceptif... Cependant les autorités européennes, voyant en cela un problème franco-français, ont obligé la France à la remettre sur l'étalage. 


"On arrive a une aberration ou l'IVG est remboursé en France à 100% et ou les pilules de 2ème génération sont les seules pilules remboursées..." s'indigne le docteur Gasson.

Les progestatifs de 2ème génération sont des pilules qui contiennent du Levonorgestrel très proche des hormones mâles, d'où les nombreux effets secondaires. Face à ce problème, les laboratoires ont crée les pilules de 3ème puis de 4ème génération avec des progestatifs évitant les actions androgéniques car 
les risques thromboemboliques sont liés au dosage de l'œstrogène.

Les laboratoires fabricants gagnent des milliards avec les différentes marques de pilules. Ils se disputent le marché à coup de publicités très bien choisies, testées, évaluées en termes de marketing, jusque dans les lycées et collèges.
Le gouvernement est obligé de passer comme message aux utilisatrices de choisir les pilules de 2ème générations (car ce sont les seules qui sont remboursées), celles justement qui étaient dangereuses, responsables d'une baisse de la libido, de signes de virilisation (acné, duvet sur les joues..), de surpoids et d'obésité ou de pathologies mammaires, ovariennes bénignes ou malignes.

"Doit-on donner des pilules de 2ème génération à des jeunes filles qui ont de l'acné alors que ça l'accentue, mais qui sont remboursées ou donner des pilules de 3ème ou 4ème générations non remboursées ?" se questionne le docteur Gasson.

Actuellement en France on voit apparaitre une nouvelle polémique sur le stérilet Mirena, à cause de ses nombreux effets secondaires, comme la prise de poids, liés au progestatif Levonorgestrel utilisé dans les pilules de 2ème génération (les seules remboursées).
"On va hurler sur ce stérilet alors que les seules pilules remboursées en France contiennent du Levonorgestrel" ne comprend pas le docteur Gasson.

Il ne faut pas oublier que ne pas prendre la pilule, et se retrouver avec une grossesse non désirée conduit à une IVG qui augmente les risques thromboemboliques par rapport à une prise de pilule classique.
L'IVG c'est aussi un acte psychologiquement difficile avec aussi des risques de chocs septiques...

Le docteur Gasson le dit "Les risques d'avoir un problème de phlébites sont relativement faibles avec la pilule en comparaison avec l'IVG. L'IVG n'est en aucun cas un moyen de contraception." Pointe-t-il.

"Il faudrait peut-être que nos services de santé, l'HAS, nos politiques et les ministres de la santé soient honnêtes." dénonce le docteur Gasson. Ils doivent reprendre en considération les bienfaits des pilules de 3ème et 4ème générations.


Les pilules de 2ème génération entraînant des prises de poids, les gynécologues avaient tendance à orienter leurs patientes vers des pilules de 3ème et 4ème génération aux femmes en surpoids avec un risque de trombo-embolie supérieur. Bien évidemment si on concentre les pilules de 3ème et 4ème génération sur des populations à risque on aura un taux d'accidents plus importants.

Il n'y a cependant aucune étude scientifique où le poids des femmes et l'indice de masse corporelle, sont pris en compte lors du dosage du risque des pilules les unes par rapport au autres.
Il serait bien que des scientifiques fassent des recherches sérieuses en prenant l'indice D'IMC.

Si nous avons une augmentation du poids des jeunes filles, nous avons aussi une augmentation des facteurs de risques. Facteurs qui ne sont pas liés à la prise de pilule mais plutôt au mode de vie ( alimentation, tabac, alcool...).

ALORS Y A-T-IL UN RÉEL DANGER A LA PRISE DE CE MÉDICAMENT?

Le docteur Sibai s'y penche aussi.

Réalisation, Vidéos : Manon Fernandez de la Rosa

Alors oui la pilule peut-être un danger, mais elle est aujourd'hui nettement moins dangereuse que d'effectuer une IVG. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise contraception. Si il y en avait une qui fonctionnait sans risque et pour tout le monde, nos gynécologues ne seraient plus obligés de se torturer l'esprit pour essayer de trouver la bonne.


"Pour moi il y a une contraception bien supportée et une contraception mal supportée. Il y a suffisamment de pilules sur le marché pour trouver celle qui correspondra au profil de la personne avec un minimum d'inconvénients." termine le docteur Gasson.


Dans le milieu médical, le risque zéro n'existe pas. La pilule est un médicament, un traitement et comme tous traitements il peut y avoir des risques, il faut juste les connaître et les anticiper. 
 La prévention et l'information sont ce qu'il y a de plus important. L'IVG est un échec de la contraception.
Articles, livres (comme celui de Sabrina Debusquat "J'arrête la pilule"), médias ont créé une polémique en effrayant les femmes au sujet des effets secondaires et des risques.

Un problème pour l'environnement? 

La pilule un danger encore discutable pour la femme, mais qui perturbe l'environnement.

La problématique:

Les hormones synthétiques rejetées dans les eaux provoquent-elles une féminisation des poissons?

Même si c'est très peu affirmé la pilule est un perturbateur endocrinien et d'un point de vue scientifique, la pilule a été inventée pour être un perturbateur endocrinien. Quand une femme urine, les hormones synthétiques qu'il y a dans la pilule, passeraient le filtre des stations d'épuration pour se retrouver dans l'eau des rivières et provoqueraient une féminisation des poissons.


J'ai pu m'entretenir avec Christophe Minier, directeur du Laboratoire d'Ecotoxicologie de l'Université du Havre. Ce dérèglement il le connait très bien puisqu'il y étudie depuis 1998. 


"Il y a effectivement une préoccupation très présente actuelle sur des composés qui sont susceptibles d'altérer l'ensemble de la régulation hormonale des êtres vivants, préoccupation qui est née il y assez longtemps mais qui a vraiment été formulée dans les années 90."

Avec la pilule contraceptive, nous sommes dans le cadre d'un composé très rependu, utilisé par de nombreuses femmes. C'est un composé œstrogénique qui permet de contrôler le système endocrinien des femmes pour qu'elles ne puissent pas être fécondes. Cependant la pilule n'est pas le seul candidat fautif. Il y a aussi toutes les hormones naturelles et synthétiques.

"On est dans un cadre de perturbateur endocrinien, dans un cadre ou bien au-delà de la pilule contraceptive il y a plein d'autres exemples qui peuvent laisser penser que des composés chimiques perturbent la reproduction."

Une expérience a été menée au Canada en introduisant des œstrogènes dans un lac, à un degré de concentration réaliste, et en 7 ans, toute la population de poissons du lac a disparu.

"C'est une étude de très grande échelle qui montre de façon évidente que des concentrations d'ethynostradiol, ce composé présent dans la pilule, peuvent atteindre l'environnement. Ils ont contaminé volontairement des grands plans d'eau pour suivre une population de poisson. Elle est extrêmement intéressante, puisqu'elle montre qu'au court des générations le pouvoir reproducteur diminue et on atteint presque l'extinction totale de la population. Au bout de 3 générations on y est très proche. C'est une démonstration formelle qui montre que certains composés peuvent compromettre très largement la survie d'une espèce."

Nous nous trouvons dans un phénomène de grande ampleur car les autres pays européens et mondiaux sont également touchés. Pour résumer les poissons mâles se féminisent près des points de rejets de stations d'épuration. Leurs organes génitaux diminuent en poids et en tailles et ils présentent des retards de développement. 


L'estradiol féminise le poisson mâle, qui produit alors de la vitellogénine, une protéine présente dans le jaune d'œuf. Le mâle ne peut éliminer la vitellogénine, il ne devrait normalement pas produire de protéine femelle. Cela le conduit à la mort.

Que doit-on faire pour éviter cela?

"Des solutions techniques existent. Aujourd'hui nous traitons assez mal ce composé. Il faudrait modifier le traitement de nos stations d'épurations, soit par pigage soit par oxydation. Les suisses ont pris cette option d'oxydation qui devrait conduire à éliminer le problème. Une décision qu'on n'a pas encore pris en France."

Avons-nous le choix? 

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